Les yeux mi-clos pleurant les larmes imparfaites
Des amoureux déçus qui ne connaîtront pas
Le bonheur des matins, le bien-être des soirs,
Ont les reflets pétrole auréolés du noir
De ces feux mal éteints condamnés au trépas
Pour n’être pas brasier, mais que simple allumette.
Les fronts rougis de fièvre où perle la sueur
Des menteurs maladifs qui se prennent au jeu
De leurs rêves perdus mais qu’ils font ressurgir
Comme pour mieux masquer les indécents délires,
Qu’ils posent sur la table entre les mains de ceux
Qui ne voient dans leurs yeux plus la moindre lueur.
Les mains encore moites agitant leur malaise
En tremblant éperdues, sans connaître le froid,
Voudraient dire la peur des pertes indicibles
Mais ne font que froisser le précieux papier bible
Des pages que noircissent de chemins de croix
Ceux qui ne sont tombés que du pied des falaises.
Les mots bien agencés, signés comme des actes,
De ces improbables déclarations d’amour,
Ecrites soi-disant aux larmes de ces yeux,
Versées abondamment sur le papier soyeux,
Ne font que répéter, à l’adresse des sourds,
Les termes d’un contrat qui se voudrait un pacte.
Ils disent s’en aller vers le dernier recours
Quand ils font simplement le chemin à l’envers,
Qu’ils se payent de mots déjà dits et redits,
De lourdes contritions entachées du mépris
Qui les marque au profond, rouge comme le fer
Lorsque sonne la fin de leur compte à rebours.
Leurs esprits qui se louent de bonnes intentions
Et expriment bien haut au courrier des lecteurs
Les "y’a qu’à", les "faut qu’on" des recettes miracles,
Se bercent d’illusions, et de gel en débâcle
Suivent le cortège qui jettera des fleurs
Sur la fosse commune de leurs convictions.