Ô, mon petit Tombeau

Il est un tombeau dans lequel je dormirai
Lorsque viendra le jour de mon ultime soir,
Serein comme un vieux chêne alors je m’en irai
Reposer en ce lieu où sommeille l’Histoire.

Aux côtés des grands noms je me ferai petit
Pour ne pas déranger l’Olympe qui m’ignore,
Car un homme est un Dieu quand il a tant écrit
Et même s’il est cendre il continue d’éclore.

Cet immense tombeau la vie me l’a promit
Pour l’heure où la faucheuse armée du doux fréon,
Viendra vider sur moi son gaz qui engourdit
Mais se peut-il qu’il fasse froid au Panthéon ?

Cette question hélas me poursuivra toujours
Ce doux rêve macabre était une fadaise !
Car sans viser si haut même au Père Lachaise
Je n’aurai pas de place ainsi qu’aux alentours.

Et mon petit village aux tombes florissantes
Recevra ma dépouille en son blanc cimetière,
Pour la mener tout droit vers la fosse humiliante
D’où même le bon Dieu détourne les paupières...